Restaurations en tout genre : une Guyot Grain Droit

Puisque je reviens, j'en profite pour vous présenter une de mes acquisitions assez récente.
En effet, j'ai toujours continué à restaurer de vieilles pipes (ceux qui me connaissent savent que c'est une de mes passions) et j'aimerais partager une ou deux restaurations avec vous.
La première est une française d'un nom qui fut connu, qui l'est moins maintenant, sauf de ceux qui ont lu ses ouvrages : je veux parler de Gilbert Guyot. Auteur de deux livres incontournables pour l'amateur de pipes françaises,  Le Pipier de Paris en 1984 et Pipiers français, Histoire et Traditions en 1992, il commence sa carrière à 14 ans en 1961 dans l'atelier de son père, Henri Guyot, pipier parisien  qui avait succédé lui-même au pipier parisien  Auguste Goltsché au 7 avenue de Clichy à Paris en 1937. Auguste Goltsché était fils de François Goltsché, tourneur sur pipes à Vienne, venu s'installer à Paris en 1883. Il acquerra successivement plusieurs boutiques de pipes dans Paris, à L'Indien, puis l'Oriental. Son fils Auguste ouvrira deux boutiques, l'une Passage des Panoramas, et l'autre au 7 avenue de Clichy. A son décès en 1937, H. Guyot reprendra la boutique du 7 avenue de Clichy à à l'enseigne du Bloc d'Ambre (enseigne qui sera abandonnée à la réouverture du magasin en 1945). Gilbert Guyot travailla pour son père dès ses 14 ans, devint pipier en 1961 et à la retraite de celui-ci en 1969  repris sa boutique, jusqu'en 1995. Gilbert Guyot a pris sa retraite à Tregastel ainsi qu'il l'explique dans cet article de Ouest France :  https://www.ouest-france.fr/bretagne/tregastel-22730/tregastel-gilbert-guyot-pipier-paris-pendant-50-ans-4818135
Pourquoi je vous parle de Gilbert Guyot? C'est que outre le fait qu'il a écrit deux bouquins extrêmement intéressants , il fabriquait également des pipes, et de belles pipes. Et je suis tombé il y a quelques temps sur l'une d'entre elles qui m'a vraiment attirée sur Ebay. Elle était un peu amochée mais pas trop, et elle avait un très joli bois :


Le tuyau, en imitation écaille,  était un peu mâchonné mais rien d'irréparable :

Le haut du fourneau semblait juste encrassé :

Et le grain était très joli. Elle  était marquée H. Guyot et non G. Guyot mais comme Gilbert Guyot a souvent signé ses pipes avec la griffe de son père (je crois que Pierre Morel l'a fait aussi), elle peut-être attribuée à l'un ou à l'autre. Je la daterais des années soixante, mais sans certitude.  Il y avait aussi un petit mastic :

mais je n'ai  pas hésité longtemps : Je l'ai achetée, en plus, même au cours de la Livre sterling, elle m'est revenue à moins d'une centaine d'euros (bien moins cher qu'une Dunhill ou une Charatan en bien plus mauvais état).

Après j'ai dû la nettoyer, et faire un peu de cosmétique : nettoyage du fourneau au gros sel et grattage du cake sur le haut du fourneau qui révèle un bien joli grain :


Rafraîchissement de la teinte :

Et un peu de super glue qu'on laisse sécher et ensuite beaucoup de ponçage avec du grain de plus en plus fin pour reprendre le tuyau :

Au final, pas trop de boulot, j'ai eu plus difficile à faire.

Le tuyau une fois poncé :


Le fourneau une fois nettoyé :


Je n'ai pas réussi à bien camoufler le mastic, mais c'est déjà mieux :


Au total une bien jolie pipe d'un pipier parisien qui n'aurait pas eu à rougir devant ses cousines anglaises :








Voilà, je tâcherais de vous poster une ou deux autres restaurations dans les jours qui viennent.

@Chris W: Merci cher ami pour ce très bel exposé! Heureux de te revoir parmi nous
Merci également pour nous rappeler le parcours de Gilbert Guyot, je me suis procuré, il y a quelques années, son ouvrage "Le pipier de Paris", mais le second que tu cites, "Histoire et Traditions en 1992", j'en ignoré l'existence. Cela dit, tu as merveilleusement restauré cette belle pipe et il aurait été dommage, vu la qualité du bois, qu'elle ne termine en de mauvaises main

Effectivement de la fort belle ouvrage ! Bravo Chris

PAT1er a écrit:@Chris W: Merci cher ami pour ce très bel exposé! Heureux de te revoir parmi nous
Merci également pour nous rappeler le parcours de Gilbert Guyot, je me suis procuré, il y a quelques années, son ouvrage "Le pipier de Paris", mais le second que tu cites, "Histoire et Traditions en 1992", j'en ignoré l'existence. Cela dit, tu as merveilleusement restauré cette belle pipe et il aurait été dommage, vu la qualité du bois, qu'elle ne termine en de mauvaises main

Merci Pat. Ce bouquin est très intéressant, il y a beaucoup de documents dedans, trop peu encore à mon goût mais contrairement aux pipiers anglais, personne  n'a pris la peine (ou eu l'occasion ou la documentation nécessaire) d'écrire quelque chose de consistant sur les pipiers français. Mis à part l'histoire de GBD (marque franco-anglaise), dont l'histoire a été écrite par ...un anglais   (J.W. .Cole "The GBD ST Claude Story").  Là encore un bouquin très intéressant qui parle de la fabrication des GBD dans ses aspects industriels et économiques. Très intéressant pour comprendre l'apogée et le déclin de la fabrication des pipes en France et en Grande-Bretagne, mais il ne faut pas y chercher une description des modèles, des clés de datation etc... C'est l'histoire de l'entreprise  davantage que celle de ses produits.

Même dans Pipedia, il y a assez peu de choses sur les pipiers français par rapport aux pipiers anglais et c'est dommage.

Les bouquins français se sont davantage orientés sur la pipe elle-même que sur les pipiers.

Donc pour en revenir à ce bouquin,



On le trouve de temps en temps sur Ebay à des prix qui varient. Il faut mettre des alertes, et tomber sur la bonne occase. On le trouve aussi parfois chez les bouquinistes du net. Là encore les prix varient.

tabadoc a écrit:Effectivement de la fort belle ouvrage ! Bravo Chris

Merci Tabadoc. Heureux de te relire

et de deux. Du très beau boulot; cela aurait été dommage que changer le tuyau. Bravo Chris

Merci à toi! J'en ai retapé encore quelques unes ces derniers temps. Faut juste que je trouve le temps de les mettre en ligne.

Quelle belle histoire pour cette fort jolie pipe que tu nous contes avec la langue du passionné.....
Bravo

macsemois