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Lasalle : hussard et fumeur de pipe
Ze Bistro ! pipes et tabacs :: Le coin des membres :: Ici on jase de tout et de rien :: Qu'est-ce qu'on lit en fumant?
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Lasalle : hussard et fumeur de pipe
Rebonjour à tous
Un moment que je ne suis pas venu sur le forum. La faute à de gros soucis de vision qui m’ont interdit la fréquentation de l’écran pendant un moment. Mais près d’une année (et trois opérations) après, ça va mieux et je viens refaire un tour. Je retrouve avec plaisir des anciens, je découvre des nouveaux.
Pour me faire pardonner mon lâchage, et essayer de contribuer à ma façon à l’animation, je vous propose un texte qui m’a enchanté dans ma jeunesse et que je relis toujours régulièrement. Il est tiré d’un livre que je lisais gamin chez ma grand-mère et que mon oncle m’a donné en souvenir il y a quelques années quand elle est décédée. C’est ce livre-ci, Les cavaliers du temps jadis C. de Montergon illustré par M. Toussaint
2 décembre 1931
et parmi ces cavaliers du temps jadis, un fumeur de pipe célèbre : Antoine Charles Louis de Lasalle.
Voici ce qu’on peut trouver comme biographie sur Lasalle en parcourant le web :
L’histoire que je vous propose et que je tire de mon livre se passe lors de la bataille d’Heilsberg le 10 juin 1807.La voici :
La nuit, l'ombre des grognards se mêle à celle de l'Empereur.
La nuit, vers la douzième heure, le tambour quitte son cercueil, fait la ronde avec sa caisse, va et vient d'un pas empressé.
Les mains décharnées agitent les deux baguettes en même temps : il bat ainsi plus d'un bon roulement, maint réveil et mainte retraite.
La caisse rend des sons étranges, dont la puissance est merveilleuse; ils réveillent dans leurs tombes les soldats morts depuis longtemps.
Et ceux qui, aux confins du Nord, restèrent engourdis dans la froide neige, et ceux qui gisent en Italie où la terre leur est trop chaude.
Et ceux que recouvre le limon du Nil ou le sable de l'Arabie; tous sortent de leur tombe et prennent en main leurs armes.
Et vers la douzième heure, le trompette quitte son cercueil, sonne du clairon, va et vient sur son cheval impatient.
Puis arrivent sur des coursiers aériens tous les cavaliers morts depuis longtemps : ce sont les vieux escadrons sanglants couverts de leurs armes diverses.
Les blancs crânes luisent sous les casques; les mains qui n'ont plus que leurs os dressent en l'air les longues épées.
Et vers la douzième heure, le général en chef sort de son cercueil; il arrive lentement sur son cheval, entouré de son état-major.
Il porte un petit chapeau; il porte un habit sans ornements; une épée pend à son côté.
La lune éclaire d'une pâle lueur la vaste plaine.
L'homme au petit chapeau passe en revue les troupes.
Les rangs lui présentent les armes; puis l'armée tout entière s'ébranle et défile musique en tête.
Les maréchaux, les généraux se pressent en cercle autour de lui; le général en chef dit tout bas un seul mot à l'oreille du plus proche.
Ce mot vole à la ronde de bouche en bouche et résonne bientôt jusque dans les rangs les plus éloignés : le cri de guerre est "France" ! Le mot de ralliement est "Sainte-Hélène" !
C'est la grande revue des Champs-Elysées, que le César défunt fait passer vers la douzième heure de la nuit.
in Zedlitz "La Revue noctune", 1826
Dans ces hallucinantes Revues Nocturnes que Zedlitz et Raffet ont déployées autour du fantôme impérial, dans cette foule, anonyme et glorieuse comme notre Soldat Inconnu, qui galope dans les nuées lunaires, où est Lasalle ?
A n’en pas douter, il défile à la tête de toute la cavalerie légère. Des hommes sont nés dont une heureuse rencontre de leurs dons naturels et des circonstances de leur vie a fait les exemplaires exacts des rôles qu’ils ont joué et des emplois qu’ils ont remplis. Ce sont des types.
Lasalle est le type du houzard.
Né aristocrate, héritier par sa mère des plus délicates finesses et des instincts les plus spontanés, audacieux devant ses chefs comme devant l’ennemi, devant la vie comme devant la mort, cavalier par son goût et son sens de l’équitation aussi bien que par l’intuition hardie des méthodes de la guerre à cheval, doué de la conception en éclair et de l’exécution du coup de foudre, de la grâce qui séduit, de la gaîté qui attire, de l’enthousiasme qui entraîne, cet athlète infatigable, tout justement tombé à l’époque où toutes ses qualités trouvaient leur emploi, devait être un héros.
Il le fut.
En plein galop, couché sur l’encolure, Murat passe devant les cuirassiers et jette à Espagne un seul mot : « Chargez ! ».
Le général, ébahi, hésite à comprendre. Murat est déjà loin, à son train de fantôme.
Charger ! Mais charger quoi ? Espagne a quinze escadrons et le seul objectif qui lui apparaisse, c’est la masse de soixante escadrons russes dont le sépare un terrible ravin. C’est de la folie !
Cependant Murat arrive sur la légère. Comme Espagne, le colonel du 5e Hussards reçoit son ordre à la volée :
« Suis- moi avec ton régiment ! ».
Le suivre, c'est-à-dire prendre le galop et entrer dans le tas. Ce qui fut sur l’instant : le Grand Duc de Berg était pressé.
Lasalle, à son poste de divisionnaire, a bondi.
« Où vont-ils ceux-là ? – Ordre de Son Altesse ! Que Son Altesse aille au diable ! » .
E t tout de suite : « Je vais l’y rejoindre ».
Espagne, là-bas, se trouve fort empêtré. On pense bien que les Russes ne se sont pas laissé faire.
C’est alors qu’apparaît Murat, le 5e Hussards à sa croupe, avec de grands cris. La mêlée les absorbe, comme une cire fondue…
Mais voici de plus furieuses clameurs. Un formidable hourrah, une houle de shakos, une envolée de chabraques, un éclair de lames brandies et, à vingt longueurs en avant, le chapeau à plumes, les tresses d’or, le dolman bleu, la pelisse flottante de Lasalle dont le cheval, entre ses cuisses écarlates, fonce, le nez au vent, et qui, sabre au fourreau et pipe au poing, amène la charge.
Abordés par l’aile, les Russes s’opposent en hâte, s’enchevêtrent, s’ouvrent, bousculés. Lasalle est au cœur de la fête. Fête magnifique, enivrante, où il ordonne les coups, a demi tourné sur sa selle, dans l’envolée des houppes de son harnachement, narguant la mort avec une insolence d’ancien régime.
Et toujours cette pipe, dressée comme un étendard.
« Au Prince ! Au Prince ! »
Des cris rescousse ont jailli vers la droite. Désespérément, au sein d’une horde de dragons russes, un panache s’agite, une lame tournoie : Murat est en danger …
« Tiens moi çà !.
Tremblant de respect, le vieux houzard reçoit la pipe de son général. Et aussitôt sabrés, percés, fouaillés, les Russes tombent, s’écartent et de dispersent :Lasalle vient de dégainer. En envoyant Murat au diable, il avait bien promis de l’y rejoindre ! Il tient parole. Maintenant ils combattent côte à côte et c’est merveilleux de voir les deux uniformes éclatants : les fanfreluches pareilles qui dansent aux brides et aux selles, évoquant l’Egypte lointaine ; les deux figures que l’ardeur rendait pareille aussi, n’étaient les moustaches du houzard. Une émulation les emporte. Murat surtout, plus gonflé de gloire.
« Où est votre pipe, Lasalle ? –Où est votre cravache Altesse ? « Et tous duex rient de se trouver le sabre à la main.
Un flot les sépare soudain, qui vient assaillir Lasalle. A vous, Monsieur le Grand Maître de la Cavalerie. Voici déjà le moment de payer votre dette.
Il n’y manque point. Du même élan furieux qui a porté Lasalle, il se rue, à coup de sabres, à coup de poitrail, à coup d’injures.
« Tenez bon, j’arrive ! »
Et le voici, les joues en feu, panache froissé, pelisse trouée et tel, que les dragons verts se sont enfuis. Alors sur la joue du houzard claque un sonore baiser : » Nous sommes quittes, mon cher général ! ».
Le soir, devant la tente de Lasalle, un homme se présente, un vieux brigadier pâle et qui clopait sur son sabre. Une grande balafre, toute fraîche, lui fermait l’œil, et son dolman était d=sanglant par place.
« Qu’est-ce que tu veux ? L’homme ne répondit pas. Il saluait avec effort. « Qu’est ce que tu veux ?
Rien encore. L’homme fouillait sa pelisse. « Qu’est ce que tu veux, bougre de …L’homme, ayant trouvé, tendit le bras : « mon général, c’est votre pipe. »
Voilà. C’est fini. J’espère vous avoir intéressé. Sinon je me souviens qu’à une époque, je terminais mes posts par quelque chose comme « je poste assez peu, mais mes posts sont longs ». Je n’ai finalement pas changé.
Un moment que je ne suis pas venu sur le forum. La faute à de gros soucis de vision qui m’ont interdit la fréquentation de l’écran pendant un moment. Mais près d’une année (et trois opérations) après, ça va mieux et je viens refaire un tour. Je retrouve avec plaisir des anciens, je découvre des nouveaux.
Pour me faire pardonner mon lâchage, et essayer de contribuer à ma façon à l’animation, je vous propose un texte qui m’a enchanté dans ma jeunesse et que je relis toujours régulièrement. Il est tiré d’un livre que je lisais gamin chez ma grand-mère et que mon oncle m’a donné en souvenir il y a quelques années quand elle est décédée. C’est ce livre-ci, Les cavaliers du temps jadis C. de Montergon illustré par M. Toussaint
2 décembre 1931
et parmi ces cavaliers du temps jadis, un fumeur de pipe célèbre : Antoine Charles Louis de Lasalle.
Voici ce qu’on peut trouver comme biographie sur Lasalle en parcourant le web :
Antoine Lasalle nait à Metz le 10 mai 1775 dans une famille de la petite noblesse. Enfant indiscipliné et bagarreur, il reçoit, néanmoins, une bonne éducation et se passionne pour la littérature. En 1789, malgré ses origines nobles, Lasalle s’enthousiasme pour les idéaux de la Révolution française ; aussi, lorsque la guerre contre la première coalition éclate en 1792, il rejoint ses armées en tant que simple volontaire au 23ème régiment de chasseurs à cheval.
En juillet 1794, il se fait remarquer une première fois en chargeant et en capturant seul une batterie anglaise à Landrecies (Nord Pas de Calais). Par la suite, il rejoint l’armée des Alpes, où il devient aide de camp de Kellerman, le vainqueur de Valmy. Le 17 décembre, près de Vicence, il charge avec 18 compagnons et met en déroute 100 autrichiens ! Son courage, son charisme et sa bonhommie en font rapidement une figure populaire de l’armée française. Il n’hésite pas à traverser les lignes ennemies, de nuit, pour rejoindre sa maitresse, la comtesse de Sali, ce que Bonaparte lui pardonnera car il lui rapporte des renseignements militaires d’importance. En janvier 1797, il capture 6 des 11 drapeaux pris aux Autrichiens à la bataille de Rivoli, ce qui lui vaut l’admiration du jeune général en chef de l’Armée d’Italie au soir de la victoire : « Couche-toi dans tes drapeaux, Lasalle, tu l’as bien mérité ».
En 1798, Bonaparte réclame personnellement la participation d’Antoine à l’expédition d’Egypte. Pendant la bataille des Pyramides, il coupe la route du village d’Embabeh aux Mamelouks avec 50 cavaliers. En coupant cet axe de ravitaillement majeur pour les mamelouks, ils précipitent la victoire française. Ensuite, il accompagne Desaix dans sa remontée du Nil pour pacifier le Sud du pays ; chargeant les Mamelouks dès que l’occasion se présente. En janvier 1799, à Remedieh, il abat un mamelouk qui menaçait le général Davout. A son retour en France en 1800 il obtient de Bonaparte le commandement du 10 ème régiment de hussards ainsi que des pistolets et un sabre d’honneur. Durant la seconde campagne d’Italie, il fait encore preuve d’un grand courage, d’une grande témérité et voit plusieurs de ses chevaux (tués sous lui).
En 1803, il reçoit la légion d’honneur et le commandement d’une brigade de dragons stationnée à Amiens. Il enchaîne les conquêtes féminines et participe à de nombreux duels pour le cœur de ses dames. Cependant, Lasalle finit par s’assagir avec son mariage avec Joséphine d’Aiguillon, la belle sœur du Maréchal Berthier.
Le 2 décembre 1805, lui et ses hommes se battent brillamment à Austerlitz sur l’aile gauche française. En 1806, lors de la campagne de Prusse, il prend la tête du 5ème et 7ème régiment de hussards en tant que général de brigade. Très vite, lui et ses hommes se font connaitre sous le surnom de « Brigade infernale ».
A Iéna, celle-ci taille en pièce plusieurs régiments de la cavalerie prussienne et capture les gendarmes de la garde du Roi de Prusse. Après la bataille, celle-ci s’enfonce dans le territoire prussien et poursuit l’armée prussienne en déroute. Le 28 octobre, la brigade infernale contraint le prince Hohenlohe à la reddition. Il prend la forteresse de Stettin par la ruse et fait prisonnier 8000 prussiens avec seulement 500 hussards ! « Si mes hussards capturent des place-fortes je vais pouvoir dissoudre mon artillerie et mon génie…» - Napoléon. Il précipite l’encerclement de Blücher et ses 21000 hommes à Lubeck. A la bataille d’Eylau, il arrive trop tard pour participer à la formidable charge menée par Murat (11000 cavaliers ont participé à la charge), à son grand regret. Toutefois, son arrivée, conjuguée à celle de Ney, force les russes à se replier : encore une fois il provoque la victoire française.
Le 10 juin, à Heilsberg, il charge aux cotés de Murat pour faire gagner la Grande Armée. Durant la bataille, les 2 hommes se sauvent successivement la vie. Quatre jours plus tard, la brigade est présente pour la victoire de Friedland qui sonne le glas de la 4ème coalition. A l’issue du traité de Tilsit, qui voit l’apparition d’un nouvel état sur la carte de l’Europe, le duché de Varsovie (le successeur du royaume de Pologne), allié de la France, Lasalle est chargé d’entrainer un régiment de cavalerie polonais. Ce dernier deviendra l’un des régiments d’élite de la cavalerie française. L’un de ses officiers dira : « C’est avec Lasalle que nous avons le plus appris. Nous gardons un grand souvenir de cet homme, qui possédait toutes les qualités pour devenir maréchal. ».
Lasalle participe dès juillet 1807 aux opérations dans la péninsule ibérique. Les insurgés espagnols vont très vite le surnommer « El Picaro » (la canaille) car il remporte de nombreuses victoires sur eux et le 28 mars 1809, à Médeline, il rassemble toute la cavalerie française pour faire changer le sort de la bataille : 6000 espagnols tombent sous les sabres des cavaliers français ! Napoléon l’appelle pour la campagne d’Autriche qui a déjà débutée, il rejoint au plus vite la Grande Armée pour mettre une nouvelle fois son sabre au profit de l’Empereur. Le 21 mai 1809, il se distingue à la terrible bataille d’Essling et le 14 juin au siège de Raab.
Le 6 juillet, au soir de la bataille de Wagram il se retrouve séparé de ses hussards, et malgré le fait que la victoire est déjà acquise, il regroupe quelques cuirassiers du 1er régiment pour charger un groupe d’ennemi. Il tombe dans sa cette dernière charge, frappé d’une balle en pleine tête à 34 ans. Avec sa mort, l’Empire perdait sans nul doute l’un de ses meilleurs cavaliers, véritable Bayard de la Grande armée, il était un modèle pour nombre de ses hommes et pour certains «le plus grand commandant de cavalerie légère de l’Histoire ».
(Lu sur : leschroniquesduhibou.e-monsite.com/pages/histoire-contemporaine/revolution-francaise-et-premier-empire/antoine-lasalle-le-general-hussard.html)L’histoire que je vous propose et que je tire de mon livre se passe lors de la bataille d’Heilsberg le 10 juin 1807.La voici :
La nuit, l'ombre des grognards se mêle à celle de l'Empereur.
La nuit, vers la douzième heure, le tambour quitte son cercueil, fait la ronde avec sa caisse, va et vient d'un pas empressé.
Les mains décharnées agitent les deux baguettes en même temps : il bat ainsi plus d'un bon roulement, maint réveil et mainte retraite.
La caisse rend des sons étranges, dont la puissance est merveilleuse; ils réveillent dans leurs tombes les soldats morts depuis longtemps.
Et ceux qui, aux confins du Nord, restèrent engourdis dans la froide neige, et ceux qui gisent en Italie où la terre leur est trop chaude.
Et ceux que recouvre le limon du Nil ou le sable de l'Arabie; tous sortent de leur tombe et prennent en main leurs armes.
Et vers la douzième heure, le trompette quitte son cercueil, sonne du clairon, va et vient sur son cheval impatient.
Puis arrivent sur des coursiers aériens tous les cavaliers morts depuis longtemps : ce sont les vieux escadrons sanglants couverts de leurs armes diverses.
Les blancs crânes luisent sous les casques; les mains qui n'ont plus que leurs os dressent en l'air les longues épées.
Et vers la douzième heure, le général en chef sort de son cercueil; il arrive lentement sur son cheval, entouré de son état-major.
Il porte un petit chapeau; il porte un habit sans ornements; une épée pend à son côté.
La lune éclaire d'une pâle lueur la vaste plaine.
L'homme au petit chapeau passe en revue les troupes.
Les rangs lui présentent les armes; puis l'armée tout entière s'ébranle et défile musique en tête.
Les maréchaux, les généraux se pressent en cercle autour de lui; le général en chef dit tout bas un seul mot à l'oreille du plus proche.
Ce mot vole à la ronde de bouche en bouche et résonne bientôt jusque dans les rangs les plus éloignés : le cri de guerre est "France" ! Le mot de ralliement est "Sainte-Hélène" !
C'est la grande revue des Champs-Elysées, que le César défunt fait passer vers la douzième heure de la nuit.
in Zedlitz "La Revue noctune", 1826
Dans ces hallucinantes Revues Nocturnes que Zedlitz et Raffet ont déployées autour du fantôme impérial, dans cette foule, anonyme et glorieuse comme notre Soldat Inconnu, qui galope dans les nuées lunaires, où est Lasalle ?
A n’en pas douter, il défile à la tête de toute la cavalerie légère. Des hommes sont nés dont une heureuse rencontre de leurs dons naturels et des circonstances de leur vie a fait les exemplaires exacts des rôles qu’ils ont joué et des emplois qu’ils ont remplis. Ce sont des types.
Lasalle est le type du houzard.
Né aristocrate, héritier par sa mère des plus délicates finesses et des instincts les plus spontanés, audacieux devant ses chefs comme devant l’ennemi, devant la vie comme devant la mort, cavalier par son goût et son sens de l’équitation aussi bien que par l’intuition hardie des méthodes de la guerre à cheval, doué de la conception en éclair et de l’exécution du coup de foudre, de la grâce qui séduit, de la gaîté qui attire, de l’enthousiasme qui entraîne, cet athlète infatigable, tout justement tombé à l’époque où toutes ses qualités trouvaient leur emploi, devait être un héros.
Il le fut.
En plein galop, couché sur l’encolure, Murat passe devant les cuirassiers et jette à Espagne un seul mot : « Chargez ! ».
Le général, ébahi, hésite à comprendre. Murat est déjà loin, à son train de fantôme.
Charger ! Mais charger quoi ? Espagne a quinze escadrons et le seul objectif qui lui apparaisse, c’est la masse de soixante escadrons russes dont le sépare un terrible ravin. C’est de la folie !
Cependant Murat arrive sur la légère. Comme Espagne, le colonel du 5e Hussards reçoit son ordre à la volée :
« Suis- moi avec ton régiment ! ».
Le suivre, c'est-à-dire prendre le galop et entrer dans le tas. Ce qui fut sur l’instant : le Grand Duc de Berg était pressé.
Lasalle, à son poste de divisionnaire, a bondi.
« Où vont-ils ceux-là ? – Ordre de Son Altesse ! Que Son Altesse aille au diable ! » .
E t tout de suite : « Je vais l’y rejoindre ».
Espagne, là-bas, se trouve fort empêtré. On pense bien que les Russes ne se sont pas laissé faire.
C’est alors qu’apparaît Murat, le 5e Hussards à sa croupe, avec de grands cris. La mêlée les absorbe, comme une cire fondue…
Mais voici de plus furieuses clameurs. Un formidable hourrah, une houle de shakos, une envolée de chabraques, un éclair de lames brandies et, à vingt longueurs en avant, le chapeau à plumes, les tresses d’or, le dolman bleu, la pelisse flottante de Lasalle dont le cheval, entre ses cuisses écarlates, fonce, le nez au vent, et qui, sabre au fourreau et pipe au poing, amène la charge.
Abordés par l’aile, les Russes s’opposent en hâte, s’enchevêtrent, s’ouvrent, bousculés. Lasalle est au cœur de la fête. Fête magnifique, enivrante, où il ordonne les coups, a demi tourné sur sa selle, dans l’envolée des houppes de son harnachement, narguant la mort avec une insolence d’ancien régime.
Et toujours cette pipe, dressée comme un étendard.
« Au Prince ! Au Prince ! »
Des cris rescousse ont jailli vers la droite. Désespérément, au sein d’une horde de dragons russes, un panache s’agite, une lame tournoie : Murat est en danger …
« Tiens moi çà !.
Tremblant de respect, le vieux houzard reçoit la pipe de son général. Et aussitôt sabrés, percés, fouaillés, les Russes tombent, s’écartent et de dispersent :Lasalle vient de dégainer. En envoyant Murat au diable, il avait bien promis de l’y rejoindre ! Il tient parole. Maintenant ils combattent côte à côte et c’est merveilleux de voir les deux uniformes éclatants : les fanfreluches pareilles qui dansent aux brides et aux selles, évoquant l’Egypte lointaine ; les deux figures que l’ardeur rendait pareille aussi, n’étaient les moustaches du houzard. Une émulation les emporte. Murat surtout, plus gonflé de gloire.
« Où est votre pipe, Lasalle ? –Où est votre cravache Altesse ? « Et tous duex rient de se trouver le sabre à la main.
Un flot les sépare soudain, qui vient assaillir Lasalle. A vous, Monsieur le Grand Maître de la Cavalerie. Voici déjà le moment de payer votre dette.
Il n’y manque point. Du même élan furieux qui a porté Lasalle, il se rue, à coup de sabres, à coup de poitrail, à coup d’injures.
« Tenez bon, j’arrive ! »
Et le voici, les joues en feu, panache froissé, pelisse trouée et tel, que les dragons verts se sont enfuis. Alors sur la joue du houzard claque un sonore baiser : » Nous sommes quittes, mon cher général ! ».
Le soir, devant la tente de Lasalle, un homme se présente, un vieux brigadier pâle et qui clopait sur son sabre. Une grande balafre, toute fraîche, lui fermait l’œil, et son dolman était d=sanglant par place.
« Qu’est-ce que tu veux ? L’homme ne répondit pas. Il saluait avec effort. « Qu’est ce que tu veux ?
Rien encore. L’homme fouillait sa pelisse. « Qu’est ce que tu veux, bougre de …L’homme, ayant trouvé, tendit le bras : « mon général, c’est votre pipe. »
Voilà. C’est fini. J’espère vous avoir intéressé. Sinon je me souviens qu’à une époque, je terminais mes posts par quelque chose comme « je poste assez peu, mais mes posts sont longs ». Je n’ai finalement pas changé.
Chris W- client
- Messages : 101
Date d'inscription : 02/11/2017
Age : 66
Localisation : Nantes (Bretagne)
Re: Lasalle : hussard et fumeur de pipe
Bon retour sur le forum, Chris W!
Je ne savais pas que tu avais eu des soucis de santé, mais je suis content de savoir que ça va mieux.
Et merci pour cette amusante histoire sur Lasalle et sa pipe.
Je ne savais pas que tu avais eu des soucis de santé, mais je suis content de savoir que ça va mieux.
Et merci pour cette amusante histoire sur Lasalle et sa pipe.
Asmascega- modérateur
- Messages : 1748
Date d'inscription : 06/08/2017
Age : 35
Localisation : Montrésor, Indre-et-Loire, France
Re: Lasalle : hussard et fumeur de pipe
Bonsoie Chris et très content de te revoir parmi nous
Lees problèmes de vue je connais depuis 1976 et plus gravement encore depuis 2002 et ça ne s'arrange pas bien au contraire. Mais il faut faire avec. Bon courage.
Merci pour ce texte très intéressant que je peux lire seul sur le PC. Heureusement que l'informatique existe.
Je te laisse, ma femme va me faire mes deux heures quotidiennes de lecture (Choses vues de Victor Hugo) dans un bon fauteuil en dégustant un bon "anglais".
Reviens dès que tu pourras
Lees problèmes de vue je connais depuis 1976 et plus gravement encore depuis 2002 et ça ne s'arrange pas bien au contraire. Mais il faut faire avec. Bon courage.
Merci pour ce texte très intéressant que je peux lire seul sur le PC. Heureusement que l'informatique existe.
Je te laisse, ma femme va me faire mes deux heures quotidiennes de lecture (Choses vues de Victor Hugo) dans un bon fauteuil en dégustant un bon "anglais".
Reviens dès que tu pourras
Re: Lasalle : hussard et fumeur de pipe
Merci à toi Chris pour ce beau récit !
Content de te relire et prends soin de toi...
Content de te relire et prends soin de toi...
Alexandre- RANG : MEMBRE V.I.P.
- Messages : 4905
Date d'inscription : 06/08/2017
Age : 60
Localisation : Vienne
Re: Lasalle : hussard et fumeur de pipe
Je me joins aux autres pour te souhaiter une bonne rebienvenue sur le forum, et heureux de savoir que tu te portes mieux.
Merci pour ce texte....
Merci pour ce texte....
_________________
." L'esprit de l'homme a trois clefs qui ouvrent tout le chiffre, la lettre, la note. Savoir, penser, rêver. Tout est là." (Hugo).
Ma devise: Toujours de l'avant.
Berny- Le Maître des Clés
- Messages : 2399
Date d'inscription : 28/07/2017
Age : 66
Re: Lasalle : hussard et fumeur de pipe
Merci pour ce superbe retour Chris, avec l'évocation d'un des plus grands généraux de Napoléon, moins connu que certains mais néanmoins immense.
tabadoc- régulier
- Messages : 2064
Date d'inscription : 03/08/2017
Age : 62
Localisation : sous les vents armoricains
Letaiseux- client
- Messages : 52
Date d'inscription : 17/01/2018
Age : 77
Localisation : Manche/Esssonne
Re: Lasalle : hussard et fumeur de pipe
Merci à tous. C'est bien agréable de vous retrouver et très sympa de votre part, ces commentaires.
J'essaierai de venir plus régulièrement, même si je ne dois pas encore rester trop longtemps devant l'écran
J'essaierai de venir plus régulièrement, même si je ne dois pas encore rester trop longtemps devant l'écran
Chris W- client
- Messages : 101
Date d'inscription : 02/11/2017
Age : 66
Localisation : Nantes (Bretagne)
Re: Lasalle : hussard et fumeur de pipe
Je suis un passionné de l'épopée napoléonienne (je tiens ce dernier comme le personnage le plus grand de l'histoire de France, mais çà n'engage que moi...) donc tout contribution à ce sujet ne peut que m'intéresser.
En attendant soigne toi bien !
En attendant soigne toi bien !
tabadoc- régulier
- Messages : 2064
Date d'inscription : 03/08/2017
Age : 62
Localisation : sous les vents armoricains
Re: Lasalle : hussard et fumeur de pipe
Merci Tabadoc!
Je suis moi-même très intéressé par l'histoire
Je suis moi-même très intéressé par l'histoire
Chris W- client
- Messages : 101
Date d'inscription : 02/11/2017
Age : 66
Localisation : Nantes (Bretagne)
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